Avant de débuter, il est important de préciser que malgré les nombreuses perturbations géopolitiques, les marchés actions ont plutôt bien réagi et tenu leurs niveaux du début mars pour la plupart.
Dans ce contexte chahuté, à quoi doit-on être attentifs ?
1. Tout d’abord, revenons sur le Japon qui fait la une de l’actualité depuis un mois maintenant. Le tsunami suivi de la catastrophe nucléaire constituent bien sur un enjeu sociétal majeur pour le monde entier. Toutefois, nous devons resituer l’impact éco d’une telle catastrophe. Le PIB du Japon représente 6% du PIB mondial. Si dans un premier temps la catastrophe affecte l’activité de ce pays exportateur, notamment avec des ruptures de stocks sur les semi-conducteurs, dans un second temps, comme chaque catastrophe, l’impact de la reconstruction est plus important est donc bénéfique pour l’activité. En revanche, cela va induire de l’endettement supplémentaire pour un pays déjà très leveragé et donc une nouvelle période de taux bas pour maintenir le coût de la dette et essayez de sortir de la phase de récession qui venait à peine de s’achever!
L’impact mondial majeur ici réside dans la modification des politiques concernant le nucléaire et les alternatives possibles. Comme vous le savez 80% de la production française d’électricité vient du nucléaire et les US ont une politique similaire également. D’autre part, de nombreux projets avaient été votés face à la demande dans d’autres pays d’Europe comme l’Italie et l’Allemagne. Quelles alternatives après cette catastrophe? Le thermique et l’hydraulique sont déjà largement exploités, pour ce qui est de l’éolien, de nombreuses capacités ont été construites ces dernières années, de même sur le solaire, grâce aux nombreuses subventions gouvernementales et l’ensemble des capacités n’étaient pas exploité jusqu’ici. Nous pouvons donc imaginer une mise en production totale, toutefois ces énergies sont loin de combler nos besoins. Donc, le pétrole et le charbon apparaissent de nouveaux comme les énergies fossiles qui peuvent le plus facilement venir compenser le manque à produire du nucléaire. Tensions supplémentaires sur le pétrole, et rappelons que le charbon est l’énergie la plus polluante, quid du prix des certificats CO2?
2. Les tensions en Afrique du Nord et au Moyen-Orient: là se pose la vraie question sur ces pays producteurs de pétrole. Jusqu’à présent, les productions des pays touchés peuvent être compensées par l’accélération des quotas de l’OPEP et le niveau des réserves. Toutefois, nous observons de fortes tensions sur le prix du brent qui pourraient être accrues par de nouveaux problèmes et par exemple Algérie gros producteur de gaz… L’impact de la hausse du prix du baril a un effet direct sur la conso des ménages ainsi que sur les marges des entreprises avec la hausse de certaines matières premières, ou de fournitures comme l’emballage plastique notamment.
3. La contraction des marges des entreprises : en 2009, et 2010 les sociétés se sont restructurées rapidement et fortement. Cette année les analystes prévoient entre 8 et 15% de croissance des bénéfices, mais quid des marges sur le S2? Les économies de coût sont dernières nous, les pressions sur les salaires commencent à poindre (cf. Carrefour) et l’impact de la hausse des MP semble inévitable. L’ensemble de cette hausse ne pourra être répercutée sur le S2. La déception pourrait venir de là sur les résultats du deuxième semestre.
4. Le cas de la Chine : un ralentissement de la croissance est en cours et l’inflation demeure l’épée de Damoclès, le gouvernement a de nouveau relevé ses taux. Le Parti veut à tout prix éviter une révolte populaire, les entreprises passent des hausses de salaires pour calmer les esprits. Les performances de ces dernières années ne seront surement pas au rendez-vous mais le potentiel demeure. Attention aux flux sortants sur ce marché dont nous connaissons mal la profondeur!
5. Concernant les dettes des états, les inquiétudes sur les PIGS vont et viennent et demeureront très certainement dans le marché jusqu’à la fin de l’année. Les nouvelles récurrentes entretiennent la volatilité, nous l’avons vu cette semaine avec la situation difficile du Portugal. Ce qui serait plus problématique, serait que le marché focalise sur la dette des US (cf. commentaire de PIMCO), et un vent de panique pourrait avoir lieu suite à une dégradation de la part d’une des trois agences de notation.
Bref, une année 2011 encore chahutée avec des problématiques inattendues, les “cygnes noirs” sont nombreux en ce premier semestre. Le marché actions résiste pourtant et le marché américain performe même bien, pour trois raisons principales:
– des niveaux de valorisation attractifs, avec des marges d’entreprise au plus haut
– une forte activité M&A qui devrait se poursuivre
– une allocation par défaut, avec la crainte de l’obligataire
Nous allons rentrés dans la période de distribution de dividendes dans les prochaines semaines. Les rendements vont être élevés cette année, et cette phase aura tendance à soutenir les marchés jusque début juillet, si de nouveaux évènements macro ne viennent pas perturber les investisseurs.